mardi 6 janvier 2009

Carnets de Voyage

Retour aux affaires ! Avant toute chose, je souhaite vous adresser à tous mes meilleurs voeux pour cette année 2009, qu'elle puisse vous apporter bonheur et santé, ainsi qu'aux gens qui vous entourent.
Après un périple Scandinave en décembre, un retour en France assez surchargé - car comme dirait le grand frère, la vie d'expat c'est pas facile (sic) - et un nouvel an Berlinois, me voilà de retour dans mes chaumières Normandes pour une petite semaine avant de repartir à Bergen. Le temps de se poser un peu et de souffler avant d'entamer le 2nd semestre, et l'occasion aussi de reprendre du service avec un compte rendu de ces virées.

Oslo

Première étape d'une tournée Scandinave qui durera un peu moins de 15 jours, Oslo, capitale Norvégienne. Courte visite, puisqu'arrivé le samedi midi, et départ le lundi matin. Enfin de quoi me faire MA propre opinion sur la plus grande ville de Norvège (550.000 habitants), qui n'en reste pas moins une des plus petites capitales européennes. Je mets le "ma" en majusule, car jai entendu tous les sons de cloches concernant Oslo : "ville sans intérêt", "on s'y éclate bien", "toute petite ville sans charme", d'où mon désir de me forger une opinion personnelle. Ce n'est cerainement pas en deux jours qu'on peut découvrir une ville en long en large et en travers - qui plus est une capitale, néanmoins je dois dire que j'ai été conquis par cette cité à taille humaine où toutes les distances peuvent etre effectuées à pied, où se côtoyent bâtiments historiques et architecture plus moderne, et où le cosmopolisme s'affiche à tous les coins de rue, ce qui change de Bergen. On a plaisir à flâner de part en part de la ville, dans les ruelles recouvertes par les neiges hivernales, aux décorations de Noël qui n'ont rien à envier aux aux vitines parisiennes. Ici se profile un grand boulevard bordé d'immeubles hussmaniens, là bas c'est un tramway vieux d'un demi siècle qui sillonne nonchalamment la ville. Séparés par une gigantesque et large allée, se font cordialement face à face le Palais Royal, sobre mais sommes toutes imposant, et le Stortinget (Parlement Norvégien), comme pour symboliser le respect mutuel entre le Roi et ses sujets, que l'Histoire a épargné de conflits.




Le Stortinget en haut, le Palais Royal en bas


Culturellement, la ville n'est pas en reste non plus, même si on n'a pas vraiment eu le temps de visiter tous le musées de la ville. On a donc du se contenter de la "Nasjonalgalleriet", intéressante par les périodes qu'elle couvre, mais un peu décevante par le contenu. Ca commence par des illustrations des sagas, période de l'Histoire Norvégienne dont il ne réside aucune trace écrite. Par la suite, l'exposition est à l'image de la ville : très hétérogène, on passe d'une période à une autre sans trop savoir pourquoi, une oeuvre cubiste a pour voisine un tableau classique, bref, peu de cohérence. Et même si le musée arborre fièrement un Picasso, un Van Gogh ou un Matisse, elles sont loin d'être leurs meilleures toiles... Point positif néanmoins, nous sommes dans une Galerie Nationale, les artistes Norvégiens ont donc la belle part, à commencer par Edvard Munch à qui le musée consacre une salle entière. L'occasion d'admirer le célèbre Cri de l'artiste, supposé représenter l'angoisse du peintre, et décliné dans une cinquantaine de toiles.


J'ai aussi été interpellé par l'oeuvre de Halfdan Egedius, peintre et sculpteur Norvégien, le Rêveur, dont la ressemblance avec le Penseur de Rodin est étrangement frappante... Enfin, je me suis intéressé à quelques toiles de Johan Christian Dahl, originaire de Bergen et considéré comme le père des peintres de paysages Norvégiens. Non seulement ses oeuvres sont époustouflantes techniquement, de par les couleurs, les lumières et les détails, mais surtout il a contribué à l'unification de la Norvège en représentant la vie traditionnelle dans les campagnes, et en mettant en avant la nature Norvégienne. Il a d'ailleurs été décoré par le Roi pour l'ensemble de son oeuvre.
Culturellement toujours, Oslo a la chance d'héberger 192 statues du sculpteur Vigeland, dans un parc du même nom, designé par l'intéressé. Une fontaine majestueuse, génèse du projet, est entourée de blocs de granit représentants les différents cycles de la vie, puis le pont nouvellement construit au dessus des étangs est étoffé de bronzes mettnt en scène les rapports entre hommes et femmes. Nous n'avons pu le visiter que de nuit, étant un peu à court de temps, mais voici quelques unes des oeuvres :


Si la ville est culturellement riche, elle bénéficie aussi d'une présence étudiante qui dynamise sa vie nocturne, lui permettant d'être bien fournie en bars et restos en tout genre. J'ai été particulièrement conquis par le Oslo un peu "underground", en l'occurence le bar "Blå", en périphérie de la ville, sur lequel on ne peut tomber par hasard. De l'extérieur, une simple ruelle, des bâtiments délabrés, bref, rien qui ne laisse présager d'un tel endroit. Et pourtant c'est au détour d'un de ces bâtiments que le spectacle commence : un lustre suspendu au milieu d'une passerelle en plein air est un premier signe. Les murs ne sont pas taggés de vulgaires inscriptions incohérentes, mais plutôt de véritables fresques. Puis l'on découvre enfin une présence humaine, dans un bar-squat aménagé qui proposait ce soir là un concert de jazz. Une ambiance surprenante et captivante où - une fois n'est pas coutume - les prix ne sont pas (trop) prohibitifs !


En résumé, une première étape séduisante, avant la seconde qui s'annonce nettement plus fraîche !

Tromsø

Deuxième étape donc, et aussi la plus longue : 4 jours. Tromsø, c'est où ? Réponse sur une carte de la Norvège :


Oui, c'est haut... Pourquoi aller si loin ? Plusieurs raisons : la Norvège est réputée pour son froid glacial, ses nuits interminables... Comme c'est pas le cas à Bergen, on a voulu vérifier ce que ça faisait de rester plusieurs jours dans le noir complet par - 20°. Et puis c'est aussi et surtout un des meilleurs endroits pour admirer les aurores boréales, célèbres lumières verdâtres se déplaçant dans le ciel. Et puis Tromsø est surnommée le "Paris du nord", il fallait vérifier ça aussi !

Tromsø compte un peu plus de 60.000 habitants, ce qui fait d'elle la 5e ville de Norvège. Elle s'est développée vers la fin du 19e siècle, quand elle est devenue le point de départ de nombreuses expéditions vers le grand Nord. Bien que très septentrionale, Tromsø dispose d'une universté où étudient plus de 6.000 étudiants. Sans ça, il est vrai que l'ambiance serait peut-être un peu morte...

Après un vol de 2h en provenance d'Oslo, nous voilà sur le tarmac à presque 400km au dessus du cercle polaire. Il est 12h, et une faible luminosité éclaire la ville, qui reste cependant illuminée. Le soleil ne se lève en effet pas entre le 22 novmbre et le 20 janvier, mais on peut assister à un coucher - ou lever, on ne sait plus bien - du soleil entre 11h 30 et 14h environ qui permet un faible éclairage de la ville. Une fois sortis de l'avion et mieux équipés que des alpinistes s'attaquant à l'Himalaya, on se rend compte qu'en fait il fait à peine plus froid qu'à Oslo (on aura maximum -5°, alors qu'on s'attendait à du -20°). Les conditions seront bien plus clémentes que ce à quoi on s'attendait.

Après avoir déposé nos affaires dans la cabine de 16m² qui va accueillir notre troupe de 8 gais-lurons, on découvre une ville qui rappelle celles que les pionniers ont construit lors de la conquête de l'ouest aux Etats Unis, une grande rue centrale ornée de boutiques et échoppes en tout genre, puis progressivement plus rien qund on s'en éloigne. Ici encore, les décorations de Noël donnent un caractère très charmant à la ville. Cette dernière n'a plus rien à voir avec Oslo : ni vieux bâtiments historiques, ni tours modernes, rien que des maisonettes en bois ou en pierre.



Bien que le soleil ne pointe pas le bout de son nez, les habitants ne semblent pas particulièrement affectés, en témoigne leur chaleureux accueil et les nombreux témoignage de grande satisfaction quant à la vie ici. Et contrairement à ce que je pensais en prévoyant ce voyage, Tromsø regorge d'activités : musées, visites des alentours, safaris baleines, bars et pubs... La ville a même été jusqu'à proposer sa candidature pour les jeux olympiques de 2018, mais a du abandonner faute de soutien du peuple Norvégien et des pouvoirs publics. On a ainsi pu admirer une exposition photo au Perspektivet Museum sur l'Europe de l'Est et sur le renouveau des liens comerciaux entre Tromsø et la Russie fraîchement libérée du carcan soviétique, ou encore visiter un atelier de souffleur de verre - le souffleur est en fait une souffleuse - qui nous a littéralement sciés de par la dextérité des souffleuses, et l'incroyable facilité avec laquelle elles étaient capables de créer de magnifique pièce en un temps record...




Comme je le disais précédemment, Tromsø baigne dans une ambiance étudiante tout au long de l'année, et les bars en sont un parfait exemple. On en trouve de toutes les sortes, et c'est un des aspects de la ville qui m'a frappé, autant de diversité pour si peu d'habitants. On s'est ainsi successivement retrouvés dans des endroits aux décors médiévaux, puis rock and roll, en passant par le lounge et le typique étudiant. Le problème de ce genre d'endroits demeure cependant les prix, Tromsø étant une des villes les plus chères au monde...



Etant venus ici pour (entre autres) admirer les aurores boréales, il nous a fallu tenter de rassembler ces trois conditions : une nuit sombre (manque de chance c'était la pleine lune), un ciel dégagé (re-manque de pot, le temps était assez couvert pendant notre séjour), et pas de pollution lumineue (s'éloigner la ville). Ne pouvant que difficilement agir sur les deux premières conditions (malgré mes pouvoirs surpuissants), on a quand même fait ce qu'on a pu pour la 3e puisqu'on s'est rendus - moyennant de payer une somme relativement élevée - dans un élevage de huskys d'Alaska, à 30mn de Tromsø. Au programme donc, rencontre avec ces petites bêtes capables de parcourir 200km en une journée, puis attente au chaud dans une tente Sami (peuple de Laponie) en espérant que le ciel se dégage, ce qui n'arrivera pas d'ailleurs. Enfin malgré ces quelques désagréments et à force de persévérance, on arrivera à apercevoir ces aurores boréales deux jours après :


On est pas tombés sur les bons jours, l'indice d'aurore boréale était de 2 sur une échelle de 10, mais bon pour la postérité on dira qu'on en a vu !

S'il est vrai qu'architecturalement Tromsø ne recèle pas de joyaux, il est un bâtiment qui m'érite d'être cité, et qui fait la réputation de la ville dans le pays : La Cathédrâle Arctique, grande église supposée s'inspirer des designs traditionnels nordiques. A vrai dire je n'ai pas vraiment trouvé le lien entre cette constuction et d'autres un peu plus typiques, mais elle est intéressante de par sa structure quasi-entièrement en verre.


De l'autre côté, le pont qui relie les deux parties de la ville, séparées par un bras de mer :


Bilan de cette deuxième étape : une ambiance vraiment chaleureuse qui tranche avec la nuit permanente et qui contrairement à ce que l'on pourrait croire incite à séjourner plus longtemps, malgré le froid. J'ai été complètement emballé par cette charmante ville, et compte y revenir en mai pour admirer le soleil de minuit, phénomène inverse où le soleil prend sa revanche et ne se couche pas pendant plusieurs mois.

Östersund

Prochaine et dernière étape après Tromsø, Stockholm. Mais comme le voyage s'annonce rudement long (4 heures de bus pour rejoindre Narvik, un peu au sud de Tromsø, où l'on attrape un train pour rejoindre la capitale suédoise, c'est à dire la bagatelle de plus de 20h sur les rails), on décide de faire une halte à Östersund, ville suédoise située environ à mi chemin. Pour être tout à fait honnête, je recommande sans hésitation toutes les villes qu'on a visitées, mais pas celle là... Le seul intérêt réside dans le manteau blanc dont se dote la ville en hiver, le lac gelé, et puis c'est tout...




Forcément à force de laisser traîner des vélos partout, fallait bien que ça arrive...

Stockholm

Dernière étape avant le retour en France. Et quelle étape ! Stockholm est tout simplement majestueuse... On se laisse prendre à l'atmosphère de la vielle ville, ses ruelles pavées en pente, ses bâtiments médiévaux et colorés. On passe d'île en île pour successivement se retrouver dans un centre dynamique qu'arpentent jeunes et moins jeunes, puis il suffit d'un simple pont pour se retrouver face à des monuments de culture tels le musée d'art moderne. A l'image d'Oslo, le très imposant Palais Royal a pour voisin le non moins imposant Parlement, symbole là encore de relations peu tumultueuses entre les deux instances. Au croisement de ces différents quartiers, la Maison de la culture, comme pour convaincre les deniers réticents que la ville a largement sa place au sein des grandes cités culturelles européennes. D'une incroyable diversité, Stockholm est de toutes nos visites celle qui m'a le plus enchanté, et dans laquelle je retournerai le plus volontiers.

Nombreux sont ceux qui m'ont demandé quelles étaient les différences entre Norvège et Suède. Si les deux peuples aiment à se différencier les uns des autres, j'avoue que j'ai eu parfois du mal à réaliser que la frontière était franchie... Outre la langue très proche, les habitudes alimentaires sont quasi identiques, la confiance ambiante entre individus rappelle la société norvégienne, le respect de l'environnement (traduit par des péages à l'entrée des villes et le nombre incalculble de vélos qui sillonnent les rues) est au coeur des préoccupations, bref, la différence la plus marquante reste certainement la capacité du portefeuille à subvenir aux besoins... Les prix son très proches de ceux qu'on peut rencontrer en France, voire parfois moins élevés. Les restos notamment permettent de se nourrir à volonté pour 7 ou 8 euros (on remerciera Sarah et Caro, de Sciences Po comme moi, en année à l'étranger aussi, qui sont arrivées quelques jours avant nous sur place et qui nous ont donné ces bons plans quand on les a retrouvées).

J'ai parlé du musée d'art moderne de la ville, je vais m'attarder un peu dessus. J'ai longtemps eu quelques difficultés avec cet art que je trouvais parfois un peu suffisant et léger. Je recommande ce musée à quiconque partage cet avis : contrairement à beaucoup d'autres, la pédagogie est présente dans toutes les salles et aide le spectateur à se repérer dans le temps et les concepts il est vrai parfois un peu flous. En plus de ça le "Moderna Museet" expose des tableaux plus époustouflants les uns que les autres. On y retrouve ainsi des oeuvres de Picasso, Dali, Matisse, Kandinsky, Warhol ou encore des reproductions de Marcel Duchamp dont le fameux Urinoire. J'ai eu plaisir à (re)découvrir certaines oeuvres, et commence d'ores et déjà à économiser pour me payer Paysage Marocain de Matisse...


Et puis comme si l'intérieur du musée ne suffisait pas, un jardin extérieur a été aménagé pour exposer des sculptures de plein air.


Petite déception tout de même, nous sommes arrivés le 15 dans la capitale suédoise, et avons donc raté la Sainte Lucie le 13 décembre, fête de la lumière où toutes sortes de processions ont lieu dans les rues.

Si je devais trouver un seul défaut à la ville, ce serait probablement un certain manque de liant entre les différents quartiers, un certain cloisonnement entre ceux-ci. Mais ça serait vraiment chiporter tellement j'ai été séduit par Stockholm... Assez parlé, voilà quelques clichés qui vous aideront à vous faire votre opinion (le temps est gris sur mes photos, j'avais oublié de recharger la batterie de mon appareil en partant de Tromsø, je n'ai donc quasiment rien pris le premier jour où le soleil a brillé du début à la fin de la journée, dommage...) :
La gare le matin de notre arrivée

Le Parlement

Le Palais Royal

Une dernière ville qui aura clôturé en beauté deux petites semaines d'un voyage des plus agréables en Norvège et en Suède. Prochaine étape, retour à Bergen dimanche, puis une probable virée à Copenhague en février, avant un périple un peu plus lointain en mars...

2 commentaires:

amaury a dit…

Un très beau voyage, c'était parfait. J'aime bien lire ta description de tromso et d'oslo.

Anonyme a dit…

Tu aimes Johan Christian Dahl ?
Étonnant que tu soulèves sa présence à la Galerie Nationale sans parler de celle de Bergen... je sais pas si tu y es allé mais elle présente un très grand nombre de Dahl... dont les plus célèbres. On y voit aussi la médiocrité de ses toiles avant sa formation en Allemagne (comme tous les autres d'ailleurs...)

Thomas