jeudi 12 février 2009

Snus

Un élément est assez frapant lorsqu'on déambule dans les rues Norvégiennes (on le remarque aussi en Suède), peu de gens fument dans la rue. Par conséquent, les trottoires sont épargnés des traditionnels mégots jetés nonchalamment sur le sol par nos amis fumeurs, conséquence de récentes lois sur l'usage du tabac dans les lieux publics. Alors est-ce pour autant que les scandinaves en consomment moins que nous ? On pourrait croire que oui, si l'on s'en tenait à ce qu'on voit. C'est là que le Snus fait son apparition...

Le Snus, c'est un tabac qui ne se fume pas, qui est vendu en boites rondes, et qui s'applique entre la gencive et la lèvre supérieure. Il peut être soit en petit sachet un peu comme du thé, ou sous forme de pâte plus ou moins humide à coller directement sur la gencive. La Norvège et la Suède sont les plus gros (voire uniques) consommateurs.


Qu'est-ce qu'il y a dans le Snus ? C'est en fait du tabac qui est séché, puis ensuite mélangé à de l'eau, du sel, du carbonate de sodium et des arômes. Pour être honnête, je n'ai aucune idée du goût que ça a, n'était pas fumeur et ne souhaitant pas forcément tester. Toujours est-il que c'est un mode de consommation de tabac ultra populaire - pas plus tard qu'hier soir un Olaf (surnom du norvégien lambda) m'en a proposé, et a soulevé sa lèvre pour laisser fièrement apparaître la pâte noire dont ses gencives étaient enduites... Je ne saurais donc pas trop vous dire quels sont les effets, mais les Olaf dans leur bonté préviennent : "prends-en, mais si tu te sens pas bien ou si tu penses que tu vas vomir, recrache", encourageant... Le précieux Snus est à laisser entre 20 minutes et 1h pour que les effets se fassent ressentir, plus forts que ceux du tabac à fumer.

Alors est-ce plus ou moins dangereux que la cigarette ? Indéniablement, l'un des gros problèmes que pose celle-ci est évité : pas de combustion, pas de fumée, pas de tabagisme passif. C'est certainement l'énorme avantage proposé par le Snus. D'ailleurs la Suède se targue d'afficher le taux de cancer du poumon le plus bas d'Europe, et nul doute que l'absence de tabagisme passif y est pour quelque chose. Le revers de la médaille, c'est que leur taux de cancer du pancréas est deux fois plus élevé... L'OMS n'a pas officiellement prononcé d'avis favorable ou défavorable, dans la mesure où beaucoup d'effets du Snus sont inconnus. Enfin pas besoin d'être spécialiste pour se douter que les gencives et la gorge en prennent un sacré coup (du progrès a tout de même été réalisé en matière de gencives : il faut savoir qu'avant les sachets de Snus contenaient des minuscules morceaux de verre qui entaillaient les gencives pour permettre un contact plus rapide avec le sang, et accélerer les effets). Sans compter l'esthétique : la coloration des dents, et le bec de lièvre causé par le stockage de matière sous la lèvre, pas classe du tout.

A quel point la consommation du Snus est-elle ancrée dans les pratiques ? Au plus haut niveau, puisque l'affaire a atteint les sphères politiques lors de l'adhésion de la Suède à l'UE. La vente de Snus est prohibée dans l'Union ; la Suède a néanmoins négocié son entrée contre un décret autorisant le pays à consommer ses petits sachets. On plaisante pas avec le Snus !

jeudi 5 février 2009

L'instant norvégien, troisième : De l'art de ne pas du tout avoir de style

Avertissement : la véracité de ces propos n'a d'égal que l'ethnocentrisme dont l'article est emprunt...

S'il est des pays où la haute couture ne fleurira jamais, la Norvège en fait incontestablement partie. Je m'étais préparé à cotoyer quotidiennement des éléments de culture norvégienne, mais j'avoue que l'absence flagrante de distinction dans le style vestimentaire est un aspect auquel je n'avais absolument pas pensé. Loin de moi l'idée de prôner le culte de l'apparence ; néanmoins on atteint parfois un tel niveau dans le domaine que ne pas en faire mention serait, il me semble, délaisser un trait culturel qui frôle la caractéristique génétique... Je m'explique.

J'avais eu l'occasion de m'en apercevoir l'année dernière après mon séjour à San Francisco : les Français(e)s sont plutôt bien habillé(e)s, contrairement à beaucoup d'Américains que j'avais pu croiser et qui arboraient fièrement des tenues dont l'incohérence en rend la description plutôt difficile (mais je ne pense rien vous apprendre). J'ai l'impression de revivre la même chose ici : les Norvégiens réussissent presque à faire passer Lafuma et Quechua pour des marques de grands créateurs. Commençons par ces dames : le moins qu'on puisse dire, c'est que leur féminité ne s'affirme pas dans leur façon de s'habiller. On a du oublier de les prévenir que la mode du jogging était dépassée depuis quelques temps maintenant, et que le pijama ne se met que la nuit, pas pour aller en cours. Je ne parle pas du jogging en toile qui était de mise dans les collèges français il y a quelques années de cela, mais plutôt le jogging un peu élastique qui a fait le bonheur de générations précédentes, le vrai, pas le vulgaire survêtement. Dans un élan de créativité, il arrive que la demoiselle se pare d'autre chose : j'ai nommé le collant. Pas celui dont nos Françaises se dotent quand elles optent pour une robe, mais plutôt celui de Jeannie Longo, le bon vieux cycliste en matière synthétique. Passons au haut maintenant : je ne m'éternise pas sur le pull large à capuche, mais plutôt sur le manteau. Le thermomètre s'approche dangereusement de zéro en ce moment (mais reste au dessus, hé oui !) et la tenue chaude est de rigueur : rien de tel qu'une bonne grosse doudoune bien rembourrée, protubérante à souhait, celle qu'on met en France jusqu'à l'âge de 11-12 ans avant de se rendre compte qu'on peut certainement trouver mieux.

Passons désormais à ces messieurs : si eux parviennent plus ou moins à outrepasser la jurisprudence du jogging et opter pour un jean classique, la doudoune reste plus que jamais un élément incontournable de leur garde robe. C'est surtout par le visage qu'il se démarque : quand le sieur Norvégien a laissé sa coiffure de boys band à la maison (cheveux mi longs, teinture blonde par dessus leur blondeur naturel pour faire mieux, petites mèches rebelles de côté) il se coiffe d'un bonnet de schtroumpf, i.e. dont le haut est un peu flottant et retombe en arrière.

Dénominateur commun pour les deux sexes : les chaussures.... ou plutôt les chaussettes, allègrement remontées pour venir enrober le bas du pantalon - vous savez ce que nouson fait quand on grimpe sur un vélo pour pas se salir, et qu'on s'empresse d'enlever quand on en descend, sous peine de passer un peu pour un con.

Après avoir dressé ce tableau somme toute pas très flatteur, une âme compatissante pourrait dire "D'accord, ils ont quelques années de retard. Mais enfin, est-ce si terrible ?". C'est parce que j'ai pas encore évoqué les couleurs desdits vêtements... Si encore on s'en sort en ce qui concerne le pantalon (plus ou moins), les grosses doudounes sont imprimées dans des teintes que même Paint ne connaît pas (Pétaire, elle est pour toi celle-là). La gamme est large : des bleus à n'en plus finir (mais pas le bleu discret, plutôt le bleu ciel ou le bleu de l'Opel de Damien), des rouges, des verts... Les plus intelligents d'entre eux arrivent à coordonner leur doudoune avec la couleur de leur parapluie, dans le meilleur des cas on ne les prend que pour des lampadaires.

Et comme le Norvégien est un être fêtard, il sort ses plus beaux habits pour sortir le soir : triple couche de fond de teint et robe moulante (bien trop) courte pour ces demoiselles et... pas de changement pour le damoiseau, du pantalon dans la chaussette au bonnet vissé sur la tête, même dans un bar/boîte où la température est quelque peu plus élevée...

En conclusion, je ne ramènerai certainement pas de Norvégienne (quoique, y a quand même des exceptions pour confirmer les règles...), nos Françaises, elles sont pas si mal au final.