jeudi 29 janvier 2009

Ca faisait longtemps...

Depuis le lancement de ce blog, et à l'exception de l'article précédent, la place accordée aux sujets politiques a été relativement limitée. Et pourtant Dieu seul sait combien de personnes se sont adressés à moi en ces mots "Sciences Po, Sciences Po...Tu veux faire de la politique ?". Bien que n'ayant pas de réponse à cette question, ça ne m'empêchera pas d'en parler un peu dans ce bulletin qui se révèle être plus un exutoire qu'autre chose. Exutoire tout simplement parce que malgré une présidence de l'UE plutôt réussie, notre cher Président n'a pas pu rester éloigné très longtemps de ce qui fait sa triste réputation : sa faculté à faire/dire de la m**** alors que le contexte ne s'y prête qu'à moitié - grève générale demain, c'est à dire jeudi 29 janvier. Chassez le naturel, il revient au galop !

Aujourd'hui, alors que je quitte péniblement les bras de Morphée (...), Quentin m'envoie un lien vers cet article du Monde titré La filière économique ES ? "Une blague", pour Mr Sarkozy. Je le lis prudemment en essayant de faire abstraction de la non-neutralié flagrante de ce titre accrocheur. Pour résumer, notre cher Président explique que la filière Economique et Sociale doit être réformée dans la mesure où les élèves l'ayant choisie ne sont pas ceux qui réussissent le mieux les concours pour les grandes écoles de commerce. Les chiffres le prouvent, et il n'y a aucune raison de les contester dans la mesure où les concours proposent des épreuves de maths qu'il est plus facile de réussir pour un élève issu de la filière scientifique. Soit. Mais ce que Mr Sarkozy semble n'avoir pas compris, c'est l'utilité de cette filière. Pour mémoire, les 3 filières du baccalauréat générl sont : scientifique ; littéraire ; économique et social. Les deux premières étant relativement spécialisées, la filière ES s'adresse aux élèves dont le projet professionnel est encore flou, et propose une formation générale permettant de garder un maimum d'options ouvertes. Par conséquent, la majorité des élèves ne choisissent pas cette filière dans le but d'intégrer des écoles de commerce prestigieuses, mais plutôt pour éviter de se fermer des portes et d'éviter de se retrouver avec un petit groupe de matières dominantes uniquement. Enervement donc à la lecture de cet article : le discours semble cohérent, la plume est alléchante et les chiffres servent de preuveultime. Mais réduire les débouchés de cette filière aux seules écoles de commerce me semble complètement hors de propos, et malheureusement s'inscrit dans la tradition qu'a notre président de généraliser à un ensemble un problème qui en soi n'en est pas un, dans l'unique but de justifier une réforme en partie idéologique. De plus, ayant moi même obtenu un bac ES, je peux affirmer que personne ne m'a jamais dit "ES c'est avant tout pour intégrer les écoles de commerce". Bref, première conclusion pour dire qu'encore une fois Mr Sarkozy a certainement perdu une occasion de se taire, mais a été très bon dans le domaine du "je me colle le corps professoral et les lycéens à dos à la veille d'un conflit social de grande envergure".

Mais ça ne s'arrête pas là ! Tout à l'heure, alors que je m'apprêtais à retrouver les doux bras de Morphée, je tombe sur un autre article du Monde intitulé Un préfet muté après la visite chahutée de Sarkozy à Saint Lô. Le Bas-Normand (faut préciser "Bas", on mélange pas les torchons et les serviettes !) que je suis procède aussitôt à la lecture du texte, et en conclut que ma foi, rien d'étonnant vu le caractère du petit aux grandes oreilles. Puis dans un éclair de lucidité, je regrette cette pensée, un peu effrayé (le mot est fort, mais pesé) à l'idée d'être habitué à ce genre de pratiques et à n'y plus prendre garde... Oh, je vois déjà venir les ardents défenseurs de Mr le Président, "rien ne prouve que le préfet n'a pas été muté pour une autre raison" etc. Mais six mois après la nomination dudit préfet tout de même... Du rapide ! S'il est vrai que techniquement rien ne l'empêche d'agir ainsi, le préfet étant un représentant de l'Etat (dont Nicolas Sarkozy est le chef), il est rare que ce genre de décision soit prononcée à la légère. Mais là... Ou alors à moins d'avoir approché Carla de trop près... Je me demande s'il réalise à quel point ce genre de gestes éveille l'inquiétude voire la peur de plus en plus de gens, ou s'il s'agit pour lui d'une réaction banale à un caprice non satisfait (Môssieu n'a pas eu son bain de foule...).

Deux articles en une journée qui me ne font que me conforter dans mes certitudes : faut que ça change (et comme je suis sympa je ne vais pas continuer à évoquer toutes les stupidités plus ou moins récentes du genre "il n'y a pas de manque de personnel dans les hôpitaux, juste un problème d'organisation", la suppression du juge d'instruction, etc)...

mercredi 21 janvier 2009

J'adore !

Je voudrais remercier Rouquette pour avoir déniché ça sur le net, je sais pas comment elle l'a eu mais ça vaut le coup :

Dear World,

We, the United States of America, your top quality supplier of the ideals of liberty and democracy, would like to apologize for our 2001-2008 interruption in service.

The technical fault that led to this eight-year service outage has been located, and the software responsible wasreplaced November 4. Early tests of the newly installed program indicate that we are now operating correctly, and we expect it to be fully functional on January 20.

We apologize for any inconvenience caused by the outage. We look forward to resuming full service and hope to improve in years to come. We thank you for your patience and understanding.

Sincerely,

THE UNITED STATES OF AMERICA

dimanche 18 janvier 2009

Ich bin ein Berliner

Cette phrase, prononcée par Kennedy s'élevant contre le mur de la honte en 1963 a contribué à fixer les yeux du monde entier sur cette ville qu'une guerre a en partie transformé en ruines, et que le conflit Est-Ouest n'a pas épargné. La chute du mur en 1989, la réunification, et la réinstauration de la ville en tant que capitale de l'Allemagne ont soumis Berlin au défi de la rénovation - défi relevé avec brio.

Je m'y suis donc rendu avec ma bande de zouaves (Pétaire de retour de Namibie, Gui, Laure et Cléra qui nous gentiment hébergés) pour célébrer le nouvel an, et découvrir une ville dont j'attendais beaucoup, et qui ne m'a pas déçu !

Laure, Clara, Pétaire et Gui

Difficile de trouver un point de départ pour décrire une ville de cette ampleur : 3.5 millions d'habitants, une superficie de 8 fois supérieure à celle de Paris... "La ville où tout est possible", comme on me l'a souvent décrite, ne manque pas de superlatifs ! En 1910 déjà Karl Scheffler, essayiste et critique d'art disait "Berlin est une ville qui n'est jamais, une ville en permanent devenir". J'y ai séjourné une semaine et l'ai quitté avec une désagréable sensation d'inachevé, comme si je n'avais pu explorer que superficiellement ses innombrables richesses. Cela ne m'a pas empeché d'apprécier l'incroyable diversité de Berlin, et ne va pas m'empêcher de vous en faire part.

Histoire et Mémoire

Comme la tendance actuelle en Europe est à cataloguer selon certains préjugés et idées reçues, ne nous privons pas pour en faire autant pour Berlin et l'Allemagne : casques à pointes, déclencheur de guerres, nazisme, holocauste, USA VS URSS, nageuses est-allemandes... L'Allemagne a parfois du mal à se débarasser de ces images, et peine à assumer les erreurs du passé. Du moins c'est ce que l'on peut croire vu de l'extérieur... Ce que j'ai pu voir sur place m'a démontré tout le contraire, et les récentes évolutions ont fait de Berlin un havre de tolérance (en témoigne la love parade, rassemblement de musique techno né en 1989 pour demander la chute du mur), un hymne à la paix, et les différents projets visant à commémorer les horreurs du passé ont réussi la difficile alliance entre repentance et réflexion, chose plutôt rare. Des examples ? Le Jüdisches Museum (musée Juif) d'abord. Qui dit musée juif en Allemagne pourrait supposer un rapport exclusif aux années noires de l'holocauste. Que nenni ! D'une architecture remarquable signée Daniel Libeskind, le musée retrace 2000 ans d'histoire et de culture juive. Le bâtiment est composé de 3 axes : l'axe de l'exil retraçant les événements qui ont conduit le peuple juif à se constituer en diaspora ; l'axe de l'holocauste, et enfin l'axe de la continuité, symbole d'avenir. A l'énumération de ces axes, on comprend vite que la lamentation n'a pas sa place ici, mais qu'on est dans une démarche bien plus constructive. Néanmoins et compte tenu de la gravité d'un événement comme la Shoah, le musée propose une expérience marquante avec "la tour de l'holocauste", à la fin de l'axe du même nom. Au bout d'un couloir ponctué de documents relatifs à cette période, un homme en noir tout sourire ouvre une porte et nous laisse entrer dans une pièce éclairée seulement par une fente de lumière en hauteur, porte qu'il referme aussitôt. Et les quelques secondes qui s'écoulent entre l'entrée dans cette tour haute de 24 mètres et dont la seule issue est cette mince ouverture sont simplement renversantes. Sans savoir pourquoi, on avance dans la direction de cette lumière pour finalement se rendre compte que la pièce est fermée, et passer par tous les états : "qu'est-ce qui se passe ?", "comment on sort ?", "c'est prévu au programme où cherche-t-on à nous séquestrer ??"... Difficile de transcrire par des mots les émotions ressenties en une dizaine de secondes, mais l'expérience est unique, le but étant de nous soumettre à une incompréhension comme fut celle à laquelle firent face les millions de juifs à leur arrivée dans les camps (dans une bien moindre mesure, évidemment).

Autre monument qui mérite d'être cité, le Denkmal fur die Ermordeten Juden Europas (monuments pour les juifs assassinés d'Europe), érigé en 20o5 et qui fut l'objet d'un âpre débat au Parlement Allemand. Ce n'est qu'en 1999 qu'un tel projet fut décidé - mais quel projet ! Il est l'oeuvre de Peter Eisenman, et comprend 2711 stèles, formant un cadrillage parfait. La hauteur de ces stèles augmentant à mesure qu'on se rapproche du centre, on a du mal à apercevoir le ciel une fois arrivé au milieu de l'oeuvre et l'atmosphère y devient alors plus que pesante. L'emplacement de ce mémorial est hautement symbolique puisqu'il est situé entre deux lieux chargés d'Histoire : la porte de Brandebourg, symbole de la césure Est-Ouest, et le Reichsatg, Parlement Allemand, comme pour admettre que cette période noire est un pan de l'Histoire Allemande qu'il ne faut sous aucun prétexte tenter de nier (Faurisson, si tu passes par là...).

Les mémoires du mur de Berlin sont elles aussi omniprésentes : sans compter les nombreux vestiges du mur (notamment la magnifique East Side Gallery, ornée de fresques toutes plus colorées les unes que les autres), on peut trouver ça et là des stèles célébrant les habitants de Berlin Est tués en voulant rejoindre la partie Ouest de la ville. Enfin, le musée de l'Histoire Allemande parachève cette approche constructive en évitant l'autoflagellation au profit de la réflexion. Malheureusement, on a seulement survolé la partie contemporaine du musée, faute de temps, ce qui ne permet pas de m'étaler plus sur le sujet.

La baiser entre Honecker, chancelier dela RDA, et Brejnev, à la tête de l'URSS


Urbanisme et Architecture

Après la première balade en ville, les premiers mots qui me sont venus à l'esprit sont : "tout ça, c'est un gros bordel génialement organisé". La chute du mur a permis de découvrir ce que voulait dire "urbanisme" à l'Est : des blocs de béton qui succèdent à d'autres blocs de bétons, qui eux-mêmes succèdent à... etc. De considérables efforts (financiers notamment) ont alors été mis en place pour réhausser le niveau de feu Berlin Est, ce qui en fait aujourd'hui la partie la plus en vogue, loin devant Berlin Ouest (non sans s'attirer les jalousie des berlinois de l'Ouest, quelque peu nostalgiques). Comment savoir si nous sommes dans Berlin Est ou Berlin Ouest me direz-vous ? Tout simplement grâce aux petits bonhommes qui vous autorisent à traverser la route ou non : ils son coiffés d'un chapeau côté Est !

Eu égard à son étendue, il serait vain d'énumérer toutes les richesses architecturales de la ville. Néanmoins deux quartiers m'ont particulièrement frappés : la Potsdamer Platz tout d'abord, à qui les années 90 ont redonné toute sa gloire. Cet ancien centre animé et réputé dans l'Europe entière durant les années 20 et 30 est devenu un no man's land total suite à la construction du mur, qui la traversait de part en part. A sa chute, l'endroit fut le théâtre d'opération d'architectes désireux de marquer de leur griffe ce lieu mythique. Aujourd'hui, les grues qui constituaient l'unique paysages ont cédé leur place : les buildings de verre et d'acier du complexe DaymlerChrysler sont devenus le symbole du renouveau de la ville, et la coupole du Sony Centre - merveille architecturale s'il en est - est devenue une référence mondiale en terme d'architecture moderne.

L'autre endroit à ne pas manquer pour quiconque visite Berlin est le quartier gouvernemental, fraîchement rebâti. Nombreuses sont les anecdotes relatives à l'endroit : en juin 1988, Michael Jackson y donne un concert dans le cadre de sa tournée "Bad World Tour". Apprenant que des spectateurs se sont massés près du mur côté Berlin Est, il décide d'orienter certains amplis dans leur direction, créant alors un mini incident dilomatique. Après la chute et la réinstauration de Berlin comme capitale de l'Allemagne réunifiée, les projets les plus fous furent présentés (l'emballage du Reichstag avec des draps par Cristo par exemple). Au final, d'imposantes réalisations ont vu le jour : la chancelerie, les centres documentaires du Reichstag et la gare centrale (spécialement construite pour la coupe du monde de football en 2006) sont là encore un exemple du renouveau de la ville. La coupole en verre qui coiffe le Reichstag m'a particulièrement emballé. En choisissant ce matériau, Norman Foster a voulu insister sur la transparence du pouvoir politique et tourner la page de l'autoritarisme. Son époustouflante structure offre une vue panoramique exceptionnelle sur toute la ville. Malheureusement, il venait de neiger quand nous l'avons visité, et n'avons pas pu pleinement profiter du spectacle, qui reste cela dit impressionnant.

L'institut du Reichstag, centre de documentation et de recherce




Le Reichstag


La Platz der Republik

Vue panoramique de Berlin au dessus, intérieur de la coupole en dessous

Pour terminer ce chapitre "contemporain", je citerai la Fernsehturm (Tour de Télévision), qui du haut de 328 mètres domine toute la ville.

Outre ces constructions modernes, la ville regorge aussi de monuments plus "classiques" comme toute capitale qui se respecte, en témoignent le Berliner Dome ou encore la fameuse porte de Brandebourg.

Tacheles

Comment ne pas parler de ce squatt, symbole de la culture "alternative" de Berlin ? Ancien magasin détruit pendant la seconde guerre mondiale, cet immeuble plus ou moins en ruines est devenu un repère d'artistes dans les années 90, et fait aujourd'hui office d'atelier-résidence-magasins dans lequel travaillent-vivent-vendent les artistes. Le site est absolument à voir : une lumière blâfarde laisse découvrir des murs entièrement taggés et couverts d'affiches, en faisant des oeuvres en soi. Chaque étage propose une galerie et une terrasse (malheureusement fermée en hiver) fait office de toit. Dans la cour intérieure, ce qui ressemble à garage ou un atelier est en fait une terrasse/discothèque prisée des berlinois. Cet endroit m'a scié de par l'ambiance qui y règne, et par la diversité des oeuvres. Collages, sculptures, toiles, ces artistes font de tout avec n'importe quoi par passion, complètement déconnectés du monde extérieur. Exactement le genre d'endroit que j'espérais pouvoir découvrir à Berlin, et qui n'existe certainement pas ailleurs.


Je pense avoir passé à peu près en revue tout ce qui m'a marqué à Berlin, qui est incontestablement une destination que je recommande chaudement à qui aime la diversité sous toutes ses formes. Une chose est sûre, "la ville où tout est possible" est le surnom qui lui sied le mieux : je me suis même retrouvé aux côtés de Quentin Tarantino qui dégustait quelques margaritas dans un bar mexicain...


jeudi 15 janvier 2009

Reprise, les joueurs sont prêts

Je vois encore tout le monde me dire quand je suis revenu en France "tu dois être habitué au froid, tu dois rien sentir toi !" et ces mêmes personnes en rajouter une couche à mon départ "tu vas avoir encore plus froid là haut !"... Hé bien figurez vous que non, ici le thermomètre affiche une douce température d'environ 5°, bien loin de la vague de froid qu'a connu l'hexagone ces derniers temps. Tout ça pour dire que le retour fût fort appréciable, tant au niveau température qu'en termes de retrouvailles. Outre les compagnons du premier semestre, des nouveaux ont remplacé ceux qui ne restaient qu'un semestre et la mayonnaise prend gentiment entre les différentes "générations". C'est aussi amusant de retrouver la ville : rien n'a changé ou presque. Quelques centimètres de neige recouvrent toujours Bergen, les bateaux vont et viennent de manière incessante et déchargent leurs cargaisons vendues sur le marché aux poissons, Bryggen est toujours aussi éclatante de couleurs, le funiculaire du Fløyen emmène inexorablement son flot de touristes en haut de sa montagne - pendant que les vrais norvégiens s'amusent à faire leur jogging sur les pentes plus ou moins gelées de la colline sans pour autant sembler vraiment perturbés. Le retour sur place est aussi l'occasion de découvrir de nouveaux endroits devant lesquels on passait quotidiennement sans jamais vraiment les remarquer : bars, restaurants, magasins... Et pour couronner le tout le soleil brille (jusqu'à 16h30, d'accord) et la pluie a décidé de nous laisser (à peu près) tranquilles pour le moment !

Qui dit retour à Bergen dit aussi reprise des cours, sinon certains pourraient croire qu'on est là que pour festoyer et voyager : ça serait bien sûr mal interpréter ce qu'on fait ici. Sur les 60 crédits que je dois valider cette année, mes cours du premier semestre m'ont permis d'en valider 30 après quelques péripéties... Une première dissertation au sujet des "conséquences du développement économique d'un pays et de son schéma institutionnel sur les chances de démocratisation ou de survie de sa démocratie" baclée dans la soirée la veille de la date limite (mais que j'ai tout simplement pas sauvegardée et que j'ai du recommencer pour en fait la terminer vers 5h du matin, qu'il est con ce Régis) m'a rapporté un certes modeste "C" néanmoins suffisant pour valider 15 crédit. La seconde dissertation dans laquelle je devais comparer les développements de deux pays nordiques au choix en tant qu'Etats souverains et démocratiques m'a rapporté un gentil "A", synonyme de 15 crédits supplémentaires. Bilan des courses à la trêve hivernale : il me reste 30 crédits à valider. J'ai du choisir mes matières de ce semestre en fonction du nombre de crédits qu'ils offraient, un peu en fonction de leur emploi du temps (avec les voyages de prévus, fallait se débrouiller pour pas trop de cours) et surtout en fonction de leur date de partiels. J'ai décroché un stage de 3 mois en Bolivie dans le domaine de la microfinance cet été - qui commence début juin - et je devais donc faire en sorte d'être en vacances assez tôt pour avoir le temps de repasser un peu par la France avant de redécoller. C'est chose faite, et je suis plutôt content de mes cours :

- Environmental and Resource Economics : C'est mon responsable de filière qui va être content, enfin un cours qui parle d'économie, youhou ! L'objectif de ce cours est de passer en revue certains des problèmes auxquels sont confrontés aujourd'hui l'environnement et les ressources naturelles, et de voir comment ces problèmes sont économiquement traités (marchés des droits à polluer, résolution d'externalités, allocation des ressources, développement durable, etc).

- Development Economics : Un cours en rapport avec ce vers quoi je m'oriente à court terme (le stage que j'ai mentionné) et même à long terme, puisqu'il s'agit de voir quelles sont les solutions économiques les plus appropriées dans une optique de développement des plus démunis. Comment amener de la croissance dans des pays sans les prédispositions requises, étude de pays, etc.

- Urban Sociology : Le but ici est d'aborder les liens entre trois thèmes (culture, environnement, intégration) dans le cadre de la ville. On va s'intéresser à l'histoire et à l'idéologie de la ville pour appréhender des problématiques comme les inégalités sociales, l'idée d'espace public, le pouvoir politique et économique dans la ville, les communautés, bref, tous les enjeux sociaux en milieu urbain. J'ai pris ce cours non aps parce qu'il me servira forcément dans le cadre des études, mais plus parce qu'il semblait intéressant, pour le côté un peu funky !

Et pour finir, j'y suis pas inscrit mais je vais tenter de m'incruster dans un cours de norvégien, même si ils sont plus que complets, je me dis que ça serait vraiment pas mal d'apprendre la langue.

Au final, j'aurai des semaines (un peu) plus chargées qu'au semestre dernier et certainement (un peu) plus de travail à fournir, le niveau étant (un peu) plus élevé. M'enfin, on devrait pouvoir s'en sortir...

mardi 6 janvier 2009

Carnets de Voyage

Retour aux affaires ! Avant toute chose, je souhaite vous adresser à tous mes meilleurs voeux pour cette année 2009, qu'elle puisse vous apporter bonheur et santé, ainsi qu'aux gens qui vous entourent.
Après un périple Scandinave en décembre, un retour en France assez surchargé - car comme dirait le grand frère, la vie d'expat c'est pas facile (sic) - et un nouvel an Berlinois, me voilà de retour dans mes chaumières Normandes pour une petite semaine avant de repartir à Bergen. Le temps de se poser un peu et de souffler avant d'entamer le 2nd semestre, et l'occasion aussi de reprendre du service avec un compte rendu de ces virées.

Oslo

Première étape d'une tournée Scandinave qui durera un peu moins de 15 jours, Oslo, capitale Norvégienne. Courte visite, puisqu'arrivé le samedi midi, et départ le lundi matin. Enfin de quoi me faire MA propre opinion sur la plus grande ville de Norvège (550.000 habitants), qui n'en reste pas moins une des plus petites capitales européennes. Je mets le "ma" en majusule, car jai entendu tous les sons de cloches concernant Oslo : "ville sans intérêt", "on s'y éclate bien", "toute petite ville sans charme", d'où mon désir de me forger une opinion personnelle. Ce n'est cerainement pas en deux jours qu'on peut découvrir une ville en long en large et en travers - qui plus est une capitale, néanmoins je dois dire que j'ai été conquis par cette cité à taille humaine où toutes les distances peuvent etre effectuées à pied, où se côtoyent bâtiments historiques et architecture plus moderne, et où le cosmopolisme s'affiche à tous les coins de rue, ce qui change de Bergen. On a plaisir à flâner de part en part de la ville, dans les ruelles recouvertes par les neiges hivernales, aux décorations de Noël qui n'ont rien à envier aux aux vitines parisiennes. Ici se profile un grand boulevard bordé d'immeubles hussmaniens, là bas c'est un tramway vieux d'un demi siècle qui sillonne nonchalamment la ville. Séparés par une gigantesque et large allée, se font cordialement face à face le Palais Royal, sobre mais sommes toutes imposant, et le Stortinget (Parlement Norvégien), comme pour symboliser le respect mutuel entre le Roi et ses sujets, que l'Histoire a épargné de conflits.




Le Stortinget en haut, le Palais Royal en bas


Culturellement, la ville n'est pas en reste non plus, même si on n'a pas vraiment eu le temps de visiter tous le musées de la ville. On a donc du se contenter de la "Nasjonalgalleriet", intéressante par les périodes qu'elle couvre, mais un peu décevante par le contenu. Ca commence par des illustrations des sagas, période de l'Histoire Norvégienne dont il ne réside aucune trace écrite. Par la suite, l'exposition est à l'image de la ville : très hétérogène, on passe d'une période à une autre sans trop savoir pourquoi, une oeuvre cubiste a pour voisine un tableau classique, bref, peu de cohérence. Et même si le musée arborre fièrement un Picasso, un Van Gogh ou un Matisse, elles sont loin d'être leurs meilleures toiles... Point positif néanmoins, nous sommes dans une Galerie Nationale, les artistes Norvégiens ont donc la belle part, à commencer par Edvard Munch à qui le musée consacre une salle entière. L'occasion d'admirer le célèbre Cri de l'artiste, supposé représenter l'angoisse du peintre, et décliné dans une cinquantaine de toiles.


J'ai aussi été interpellé par l'oeuvre de Halfdan Egedius, peintre et sculpteur Norvégien, le Rêveur, dont la ressemblance avec le Penseur de Rodin est étrangement frappante... Enfin, je me suis intéressé à quelques toiles de Johan Christian Dahl, originaire de Bergen et considéré comme le père des peintres de paysages Norvégiens. Non seulement ses oeuvres sont époustouflantes techniquement, de par les couleurs, les lumières et les détails, mais surtout il a contribué à l'unification de la Norvège en représentant la vie traditionnelle dans les campagnes, et en mettant en avant la nature Norvégienne. Il a d'ailleurs été décoré par le Roi pour l'ensemble de son oeuvre.
Culturellement toujours, Oslo a la chance d'héberger 192 statues du sculpteur Vigeland, dans un parc du même nom, designé par l'intéressé. Une fontaine majestueuse, génèse du projet, est entourée de blocs de granit représentants les différents cycles de la vie, puis le pont nouvellement construit au dessus des étangs est étoffé de bronzes mettnt en scène les rapports entre hommes et femmes. Nous n'avons pu le visiter que de nuit, étant un peu à court de temps, mais voici quelques unes des oeuvres :


Si la ville est culturellement riche, elle bénéficie aussi d'une présence étudiante qui dynamise sa vie nocturne, lui permettant d'être bien fournie en bars et restos en tout genre. J'ai été particulièrement conquis par le Oslo un peu "underground", en l'occurence le bar "Blå", en périphérie de la ville, sur lequel on ne peut tomber par hasard. De l'extérieur, une simple ruelle, des bâtiments délabrés, bref, rien qui ne laisse présager d'un tel endroit. Et pourtant c'est au détour d'un de ces bâtiments que le spectacle commence : un lustre suspendu au milieu d'une passerelle en plein air est un premier signe. Les murs ne sont pas taggés de vulgaires inscriptions incohérentes, mais plutôt de véritables fresques. Puis l'on découvre enfin une présence humaine, dans un bar-squat aménagé qui proposait ce soir là un concert de jazz. Une ambiance surprenante et captivante où - une fois n'est pas coutume - les prix ne sont pas (trop) prohibitifs !


En résumé, une première étape séduisante, avant la seconde qui s'annonce nettement plus fraîche !

Tromsø

Deuxième étape donc, et aussi la plus longue : 4 jours. Tromsø, c'est où ? Réponse sur une carte de la Norvège :


Oui, c'est haut... Pourquoi aller si loin ? Plusieurs raisons : la Norvège est réputée pour son froid glacial, ses nuits interminables... Comme c'est pas le cas à Bergen, on a voulu vérifier ce que ça faisait de rester plusieurs jours dans le noir complet par - 20°. Et puis c'est aussi et surtout un des meilleurs endroits pour admirer les aurores boréales, célèbres lumières verdâtres se déplaçant dans le ciel. Et puis Tromsø est surnommée le "Paris du nord", il fallait vérifier ça aussi !

Tromsø compte un peu plus de 60.000 habitants, ce qui fait d'elle la 5e ville de Norvège. Elle s'est développée vers la fin du 19e siècle, quand elle est devenue le point de départ de nombreuses expéditions vers le grand Nord. Bien que très septentrionale, Tromsø dispose d'une universté où étudient plus de 6.000 étudiants. Sans ça, il est vrai que l'ambiance serait peut-être un peu morte...

Après un vol de 2h en provenance d'Oslo, nous voilà sur le tarmac à presque 400km au dessus du cercle polaire. Il est 12h, et une faible luminosité éclaire la ville, qui reste cependant illuminée. Le soleil ne se lève en effet pas entre le 22 novmbre et le 20 janvier, mais on peut assister à un coucher - ou lever, on ne sait plus bien - du soleil entre 11h 30 et 14h environ qui permet un faible éclairage de la ville. Une fois sortis de l'avion et mieux équipés que des alpinistes s'attaquant à l'Himalaya, on se rend compte qu'en fait il fait à peine plus froid qu'à Oslo (on aura maximum -5°, alors qu'on s'attendait à du -20°). Les conditions seront bien plus clémentes que ce à quoi on s'attendait.

Après avoir déposé nos affaires dans la cabine de 16m² qui va accueillir notre troupe de 8 gais-lurons, on découvre une ville qui rappelle celles que les pionniers ont construit lors de la conquête de l'ouest aux Etats Unis, une grande rue centrale ornée de boutiques et échoppes en tout genre, puis progressivement plus rien qund on s'en éloigne. Ici encore, les décorations de Noël donnent un caractère très charmant à la ville. Cette dernière n'a plus rien à voir avec Oslo : ni vieux bâtiments historiques, ni tours modernes, rien que des maisonettes en bois ou en pierre.



Bien que le soleil ne pointe pas le bout de son nez, les habitants ne semblent pas particulièrement affectés, en témoigne leur chaleureux accueil et les nombreux témoignage de grande satisfaction quant à la vie ici. Et contrairement à ce que je pensais en prévoyant ce voyage, Tromsø regorge d'activités : musées, visites des alentours, safaris baleines, bars et pubs... La ville a même été jusqu'à proposer sa candidature pour les jeux olympiques de 2018, mais a du abandonner faute de soutien du peuple Norvégien et des pouvoirs publics. On a ainsi pu admirer une exposition photo au Perspektivet Museum sur l'Europe de l'Est et sur le renouveau des liens comerciaux entre Tromsø et la Russie fraîchement libérée du carcan soviétique, ou encore visiter un atelier de souffleur de verre - le souffleur est en fait une souffleuse - qui nous a littéralement sciés de par la dextérité des souffleuses, et l'incroyable facilité avec laquelle elles étaient capables de créer de magnifique pièce en un temps record...




Comme je le disais précédemment, Tromsø baigne dans une ambiance étudiante tout au long de l'année, et les bars en sont un parfait exemple. On en trouve de toutes les sortes, et c'est un des aspects de la ville qui m'a frappé, autant de diversité pour si peu d'habitants. On s'est ainsi successivement retrouvés dans des endroits aux décors médiévaux, puis rock and roll, en passant par le lounge et le typique étudiant. Le problème de ce genre d'endroits demeure cependant les prix, Tromsø étant une des villes les plus chères au monde...



Etant venus ici pour (entre autres) admirer les aurores boréales, il nous a fallu tenter de rassembler ces trois conditions : une nuit sombre (manque de chance c'était la pleine lune), un ciel dégagé (re-manque de pot, le temps était assez couvert pendant notre séjour), et pas de pollution lumineue (s'éloigner la ville). Ne pouvant que difficilement agir sur les deux premières conditions (malgré mes pouvoirs surpuissants), on a quand même fait ce qu'on a pu pour la 3e puisqu'on s'est rendus - moyennant de payer une somme relativement élevée - dans un élevage de huskys d'Alaska, à 30mn de Tromsø. Au programme donc, rencontre avec ces petites bêtes capables de parcourir 200km en une journée, puis attente au chaud dans une tente Sami (peuple de Laponie) en espérant que le ciel se dégage, ce qui n'arrivera pas d'ailleurs. Enfin malgré ces quelques désagréments et à force de persévérance, on arrivera à apercevoir ces aurores boréales deux jours après :


On est pas tombés sur les bons jours, l'indice d'aurore boréale était de 2 sur une échelle de 10, mais bon pour la postérité on dira qu'on en a vu !

S'il est vrai qu'architecturalement Tromsø ne recèle pas de joyaux, il est un bâtiment qui m'érite d'être cité, et qui fait la réputation de la ville dans le pays : La Cathédrâle Arctique, grande église supposée s'inspirer des designs traditionnels nordiques. A vrai dire je n'ai pas vraiment trouvé le lien entre cette constuction et d'autres un peu plus typiques, mais elle est intéressante de par sa structure quasi-entièrement en verre.


De l'autre côté, le pont qui relie les deux parties de la ville, séparées par un bras de mer :


Bilan de cette deuxième étape : une ambiance vraiment chaleureuse qui tranche avec la nuit permanente et qui contrairement à ce que l'on pourrait croire incite à séjourner plus longtemps, malgré le froid. J'ai été complètement emballé par cette charmante ville, et compte y revenir en mai pour admirer le soleil de minuit, phénomène inverse où le soleil prend sa revanche et ne se couche pas pendant plusieurs mois.

Östersund

Prochaine et dernière étape après Tromsø, Stockholm. Mais comme le voyage s'annonce rudement long (4 heures de bus pour rejoindre Narvik, un peu au sud de Tromsø, où l'on attrape un train pour rejoindre la capitale suédoise, c'est à dire la bagatelle de plus de 20h sur les rails), on décide de faire une halte à Östersund, ville suédoise située environ à mi chemin. Pour être tout à fait honnête, je recommande sans hésitation toutes les villes qu'on a visitées, mais pas celle là... Le seul intérêt réside dans le manteau blanc dont se dote la ville en hiver, le lac gelé, et puis c'est tout...




Forcément à force de laisser traîner des vélos partout, fallait bien que ça arrive...

Stockholm

Dernière étape avant le retour en France. Et quelle étape ! Stockholm est tout simplement majestueuse... On se laisse prendre à l'atmosphère de la vielle ville, ses ruelles pavées en pente, ses bâtiments médiévaux et colorés. On passe d'île en île pour successivement se retrouver dans un centre dynamique qu'arpentent jeunes et moins jeunes, puis il suffit d'un simple pont pour se retrouver face à des monuments de culture tels le musée d'art moderne. A l'image d'Oslo, le très imposant Palais Royal a pour voisin le non moins imposant Parlement, symbole là encore de relations peu tumultueuses entre les deux instances. Au croisement de ces différents quartiers, la Maison de la culture, comme pour convaincre les deniers réticents que la ville a largement sa place au sein des grandes cités culturelles européennes. D'une incroyable diversité, Stockholm est de toutes nos visites celle qui m'a le plus enchanté, et dans laquelle je retournerai le plus volontiers.

Nombreux sont ceux qui m'ont demandé quelles étaient les différences entre Norvège et Suède. Si les deux peuples aiment à se différencier les uns des autres, j'avoue que j'ai eu parfois du mal à réaliser que la frontière était franchie... Outre la langue très proche, les habitudes alimentaires sont quasi identiques, la confiance ambiante entre individus rappelle la société norvégienne, le respect de l'environnement (traduit par des péages à l'entrée des villes et le nombre incalculble de vélos qui sillonnent les rues) est au coeur des préoccupations, bref, la différence la plus marquante reste certainement la capacité du portefeuille à subvenir aux besoins... Les prix son très proches de ceux qu'on peut rencontrer en France, voire parfois moins élevés. Les restos notamment permettent de se nourrir à volonté pour 7 ou 8 euros (on remerciera Sarah et Caro, de Sciences Po comme moi, en année à l'étranger aussi, qui sont arrivées quelques jours avant nous sur place et qui nous ont donné ces bons plans quand on les a retrouvées).

J'ai parlé du musée d'art moderne de la ville, je vais m'attarder un peu dessus. J'ai longtemps eu quelques difficultés avec cet art que je trouvais parfois un peu suffisant et léger. Je recommande ce musée à quiconque partage cet avis : contrairement à beaucoup d'autres, la pédagogie est présente dans toutes les salles et aide le spectateur à se repérer dans le temps et les concepts il est vrai parfois un peu flous. En plus de ça le "Moderna Museet" expose des tableaux plus époustouflants les uns que les autres. On y retrouve ainsi des oeuvres de Picasso, Dali, Matisse, Kandinsky, Warhol ou encore des reproductions de Marcel Duchamp dont le fameux Urinoire. J'ai eu plaisir à (re)découvrir certaines oeuvres, et commence d'ores et déjà à économiser pour me payer Paysage Marocain de Matisse...


Et puis comme si l'intérieur du musée ne suffisait pas, un jardin extérieur a été aménagé pour exposer des sculptures de plein air.


Petite déception tout de même, nous sommes arrivés le 15 dans la capitale suédoise, et avons donc raté la Sainte Lucie le 13 décembre, fête de la lumière où toutes sortes de processions ont lieu dans les rues.

Si je devais trouver un seul défaut à la ville, ce serait probablement un certain manque de liant entre les différents quartiers, un certain cloisonnement entre ceux-ci. Mais ça serait vraiment chiporter tellement j'ai été séduit par Stockholm... Assez parlé, voilà quelques clichés qui vous aideront à vous faire votre opinion (le temps est gris sur mes photos, j'avais oublié de recharger la batterie de mon appareil en partant de Tromsø, je n'ai donc quasiment rien pris le premier jour où le soleil a brillé du début à la fin de la journée, dommage...) :
La gare le matin de notre arrivée

Le Parlement

Le Palais Royal

Une dernière ville qui aura clôturé en beauté deux petites semaines d'un voyage des plus agréables en Norvège et en Suède. Prochaine étape, retour à Bergen dimanche, puis une probable virée à Copenhague en février, avant un périple un peu plus lointain en mars...