jeudi 5 février 2009

L'instant norvégien, troisième : De l'art de ne pas du tout avoir de style

Avertissement : la véracité de ces propos n'a d'égal que l'ethnocentrisme dont l'article est emprunt...

S'il est des pays où la haute couture ne fleurira jamais, la Norvège en fait incontestablement partie. Je m'étais préparé à cotoyer quotidiennement des éléments de culture norvégienne, mais j'avoue que l'absence flagrante de distinction dans le style vestimentaire est un aspect auquel je n'avais absolument pas pensé. Loin de moi l'idée de prôner le culte de l'apparence ; néanmoins on atteint parfois un tel niveau dans le domaine que ne pas en faire mention serait, il me semble, délaisser un trait culturel qui frôle la caractéristique génétique... Je m'explique.

J'avais eu l'occasion de m'en apercevoir l'année dernière après mon séjour à San Francisco : les Français(e)s sont plutôt bien habillé(e)s, contrairement à beaucoup d'Américains que j'avais pu croiser et qui arboraient fièrement des tenues dont l'incohérence en rend la description plutôt difficile (mais je ne pense rien vous apprendre). J'ai l'impression de revivre la même chose ici : les Norvégiens réussissent presque à faire passer Lafuma et Quechua pour des marques de grands créateurs. Commençons par ces dames : le moins qu'on puisse dire, c'est que leur féminité ne s'affirme pas dans leur façon de s'habiller. On a du oublier de les prévenir que la mode du jogging était dépassée depuis quelques temps maintenant, et que le pijama ne se met que la nuit, pas pour aller en cours. Je ne parle pas du jogging en toile qui était de mise dans les collèges français il y a quelques années de cela, mais plutôt le jogging un peu élastique qui a fait le bonheur de générations précédentes, le vrai, pas le vulgaire survêtement. Dans un élan de créativité, il arrive que la demoiselle se pare d'autre chose : j'ai nommé le collant. Pas celui dont nos Françaises se dotent quand elles optent pour une robe, mais plutôt celui de Jeannie Longo, le bon vieux cycliste en matière synthétique. Passons au haut maintenant : je ne m'éternise pas sur le pull large à capuche, mais plutôt sur le manteau. Le thermomètre s'approche dangereusement de zéro en ce moment (mais reste au dessus, hé oui !) et la tenue chaude est de rigueur : rien de tel qu'une bonne grosse doudoune bien rembourrée, protubérante à souhait, celle qu'on met en France jusqu'à l'âge de 11-12 ans avant de se rendre compte qu'on peut certainement trouver mieux.

Passons désormais à ces messieurs : si eux parviennent plus ou moins à outrepasser la jurisprudence du jogging et opter pour un jean classique, la doudoune reste plus que jamais un élément incontournable de leur garde robe. C'est surtout par le visage qu'il se démarque : quand le sieur Norvégien a laissé sa coiffure de boys band à la maison (cheveux mi longs, teinture blonde par dessus leur blondeur naturel pour faire mieux, petites mèches rebelles de côté) il se coiffe d'un bonnet de schtroumpf, i.e. dont le haut est un peu flottant et retombe en arrière.

Dénominateur commun pour les deux sexes : les chaussures.... ou plutôt les chaussettes, allègrement remontées pour venir enrober le bas du pantalon - vous savez ce que nouson fait quand on grimpe sur un vélo pour pas se salir, et qu'on s'empresse d'enlever quand on en descend, sous peine de passer un peu pour un con.

Après avoir dressé ce tableau somme toute pas très flatteur, une âme compatissante pourrait dire "D'accord, ils ont quelques années de retard. Mais enfin, est-ce si terrible ?". C'est parce que j'ai pas encore évoqué les couleurs desdits vêtements... Si encore on s'en sort en ce qui concerne le pantalon (plus ou moins), les grosses doudounes sont imprimées dans des teintes que même Paint ne connaît pas (Pétaire, elle est pour toi celle-là). La gamme est large : des bleus à n'en plus finir (mais pas le bleu discret, plutôt le bleu ciel ou le bleu de l'Opel de Damien), des rouges, des verts... Les plus intelligents d'entre eux arrivent à coordonner leur doudoune avec la couleur de leur parapluie, dans le meilleur des cas on ne les prend que pour des lampadaires.

Et comme le Norvégien est un être fêtard, il sort ses plus beaux habits pour sortir le soir : triple couche de fond de teint et robe moulante (bien trop) courte pour ces demoiselles et... pas de changement pour le damoiseau, du pantalon dans la chaussette au bonnet vissé sur la tête, même dans un bar/boîte où la température est quelque peu plus élevée...

En conclusion, je ne ramènerai certainement pas de Norvégienne (quoique, y a quand même des exceptions pour confirmer les règles...), nos Françaises, elles sont pas si mal au final.

8 commentaires:

Patrick 3000 a dit…

On veut des photos!

Les parapluies de Bergen a dit…

Mon appareil photo est cassé, ça attendra...

Marion a dit…

En retard ou bien visionnaires ?

The sartoralist, un photographe de mode (qui fait de la street-cred = prend des photos dans la rue des gens dont il aime les tenues), et chasseur de tendances(pardonne moi l'expression, mais je ne trouve plus la dénomination exacte) le plus huppé du moment est parti au milieu de la fashion week de Paris pour aller à la fashion week de... Stockholm. Alors, je sais bien que la Norvège n'est pas la Suède, mais on retrouve bien les mêmes tenues sur ses clichés de Stockholm.

http://thesartorialist.blogspot.com/

En espérant que ça n'atteigne pas la France, bisous

Anonyme a dit…

Pour info, le baromètre n'est pas spécialement l'instrument le plus adapté pour mesurer la température... ;)

Les parapluies de Bergen a dit…

C'est pour voir si tu suivais ;)

Les parapluies de Bergen a dit…

Et en effet Stockholm n'est pas la Norvège, mais c'est assez proche... Au final ta conclusion est la bonne : pourvu que ça n'atteigne pas la France !

Saraccroche a dit…

Rien à voir avec Stockholm malheureuse!!! Les Suédois/es connaissent la mode jusqu'au bout de leurs mèches décolorées (oui ça c'est commun). Plus sérieusement, même chez moi à Linköping, en plus d'être canons les Suédoises sont très très bien habillées, en tout temps toute saison. Soit, ça part dans l'archi court assez facilement, mais elles ont les jambes qui le permettent. C'est marrant, étant donné que les deux cultures sont extrêmement proches (à la lecture de ton blog par exemple, quand je compare avec mes oiseaux), pour le coup là c'est raté. Peut-être cela expliquerait-il entre autres (en omettant l'accent norvégien parait-il hilarant d'après les Suédois) pourquoi les Norvégiens sont aux Suédois ce que sont les Belges pour nous Français...

Les parapluies de Bergen a dit…

Mollo sur les Norvégiens hein !